L'amiral

La fête battait son plein ce week-end à Marly où durant deux jours se sont succédés courses à pied, déjeuner champêtre dans le Parc et activités pour les enfants, manège, minigolf, balade à poney etc. avec une apothéose en fin d’après-midi, l’activation du Grand Jet (le plus haut jet d’eau de France) au pied du Tapis Vert au son des Trompes de chasse du Château de Dampierre. Bref, vous m’avez compris, Marly le Roi retrouva son faste royal le temps d’un week-end et je parcourrais mes terres nonchalamment, ma dame à mon bras, quand mon œil exercé considéra avec étonnement une activité inhabituelle sur le grand bassin du Parc. Des voiliers racés aux voiles blanches se livraient à des manœuvres maritimes sous l’œil impassible des canards qui les croisaient. Une bande de marins d’eau douce en bordée avaient investi les berges du plan d’eau pour se livrer à leur vice préféré au vu de tous, faire dériver leurs maquettes le mât haut dressé, la télécommande à la main, étrange organe posé sur le bas ventre, le regard perdu dans le lointain, un sourire de satisfaction discret au coin des lèvres. J’en étais là dans mes réflexions quand sortant de la tente de parade, l’amiral de cette escadre bon enfant paru. Lui ! C’était lui à n’en pas douter ! « L’homme pressé » toujours sur le pont, par mont et par vaux, non seulement je le subissais la semaine, mais maintenant le week-end aussi il me harcelait ? Si un instant je crus à une méprise, une ressemblance fortuite ou un petit coup de fatigue qui m’aurait brouillé la vue, je fus bien vite obligé de l’admettre, entouré de toute sa famille, Jean-Marie dirigeait la manœuvre avec brio comme à son habitude. Le bougre avait donc su avec originalité, participer à la fête des mers !